Posted by : Le Club Algérien des Pharmaciens de L'Industrie jeudi 12 septembre 2013

La pénurie de médicaments

Vérité ou polémique ?

Par : A HAMMA
La pénurie de médicaments en Algérie préoccupe depuis longtemps aussi bien les professionnels du secteur de la santé que les citoyens. 

L’enveloppe financière annuelle des importations a atteint, durant les cinq dernières années, une moyenne d’environ 1,5 milliard de dollars, alors comment expliquer ces dysfonctionnements ?

Il y a lieu effectivement de “paniquer” face à l’ampleur de l’enveloppe financière annuelle des importations des produits médicamenteux. Elle correspond à 80% des besoins.

Malgré les mesures d’encouragement à la production nationale prises par l’État, l’Algérie demeure un pays lourdement tributaire du marché extérieur, contrairement à ses voisins tunisien et marocain, qui ont réduit de façon substantielle leur dépendance en développant leur industrie pharmaceutique locale.

En vérité, cette immense rente est détenue par quelques groupes de pression qui transgressent ouvertement la réglementation, en important y compris des génériques fabriqués localement, imposant ainsi une concurrence de fait aux produits locaux et décourageant par-là même les initiatives d’investissement dans ce domaine, qu’ils soient publics ou privés.

Au demeurant, quand on observe le marché mondial du médicament générique, les pays émergeants, à leur tête la Chine qui se positionne en deuxième place après les USA, ont fait des percées significatives. Dans ce contexte, le groupe Saïdal, “fer de lance d’une ambition nationale de construction d’une industrie de production locale de médicaments”, anticipe par un dynamisme remarquable de développement du partenariat avec les grandes firmes internationales.

Mais ce groupe, objectivement, se heurte aux lobbys de l’import du médicament, qui, et tout le monde le sait, ont souvent provoqué des pénuries organisées à travers des ruptures de stock pour surfer sur les prix au gré de leurs intérêts et, bien entendu, au détriment des malades. Pour sa part, le président du Snapo (Syndicat national des pharmaciens d’officine) a indiqué : “Le problème auquel font face les opérateurs reste la loi de 1998.

En mai 2008, le gouvernement a introduit quelques modifications concernant les marges bénéficiaires applicables à la production, au conditionnement et à la distribution des médicaments à usage de médecine humaine… La loi met le médicament originel ou princeps et le générique sur la même fourchette de prix, c’est contre la politique du générique.”
Enfin, selon le professeur Amalou, représentant de la CNAS, 52 millions d’ordonnances sont remboursées annuellement et 20% des médicaments, en majorité importés, absorbent 80% des remboursements par la Sécurité sociale. Toujours selon ce dernier, le générique peut fortement participer à la réduction de la facture des produits pharmaceutiques.

Nous sommes donc en présence d’un consensus des différentes parties prenantes pour une politique de développement d’une industrie nationale de production de médicaments génériques. Dans de telles conditions, on peut légitimement s’interroger sur les forces qui tentent de s’opposer à la concrétisation de cette volonté maintes fois affirmée par les autorités.
Et que peut donc faire le groupe Saïdal, avec toute la bonne volonté de ses dirigeants ? L’intersyndicale des médecins exerçant dans les établissements publics dénonce une “grave pénurie des produits pharmaceutiques dans les hôpitaux”. Elle pointe le doigt vers la pénurie qui touche les médicaments qui sont indispensables pour le traitement des maladies chroniques et du cancer en particulier.

Selon de nombreux confrères, le président de cette organisation syndicale, s’appuyant sur une enquête menée “dans 170 structures de soins à travers 21 wilayas”, estime que la situation est alarmante. De son côté, le Snapo affirme que les ruptures de stock touchent 230 médicaments, dont 170 sont essentiels.
En même temps, le coordinateur du réseau des associations des malades chroniques impute les pénuries récurrentes à la complexité de la procédure suivie dans l’importation des produits pharmaceutiques, et surtout l’institution du crédit documentaire par la loi de finances complémentaire de 2009.

Ces procédures, selon ce dernier, rallongeraient considérablement les délais entre l’établissement de la commande par un hôpital et son approvisionnement. “Pendant cette période, la structure ne peut fonctionner et compter vraiment sur les réserves, qui arrivent vite à épuisement.”

Enfin, le président de l’Ordre national des pharmaciens souligne que la situation de pénurie est induite par des erreurs d’appréciation en amont de la réglementation. Il cite des programmes d’importation annualisés avec des quantités limitées ; des procédures d’enregistrement longues et fastidieuses ; une instabilité réglementaire continue… “Sans compter que le secteur est aussi tributaire des problématiques que connaît l’ensemble de l’économie nationale : système bancaire, foncier, douanes, lettre de crédit mais aussi contraintes du marché mondial.”

In fine, sans tomber le pessimisme ambiant, l’Algérie est l’un des rares pays de l’hémisphère Sud, qui, non seulement garantit le plus grand accès aux soins de la majorité de sa population, en développant les infrastructures et équipements sanitaires, mais aussi en disposant d’un système de sécurité sociale qui préserve les couches sociales les plus démunies.
Faut-il assainir le marché du médicament ?
n La pénurie des médicaments ne relève certainement pas d’une volonté avérée des pouvoirs publics, mais plutôt du jeu criminel, puisqu’il touche à la santé publique, “des marchands de la mort”. À l’instar de Sonatrach, les pouvoirs publics seraient bien avisés de diligenter une enquête dans ce secteur, où les tenants de la rente s’estiment à l’abri de la justice.

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  1. Quand j’ai lu votre article, je me suis dit finalement l’état algérien veut à tout supprimer cette lourde facture d’importation, et son seul obstacle, est ceux que vous avez nommé « lobby d’importateurs» pour ma part, la question est plus importante qu’une volonté d’un état !
    Pour réduire ce déficit faramineux, il faut commencer par tisser une industrie orientée vers la production, hors l’état veut à tout prix réduire à néant toute initiative de production locale, et ce n’est pas les exemples qui font défaut (bureaucratie, obstacles à l’importation des matières premières, opacité au niveau des douanes...)
    Les rares producteurs nationaux ne jouissent pas d’une compétitivité sur le plan productif mais surtout sur le plan qualitatif. Qui d’entre nous préfère administrer à son bébé d’une année un médicament fabriqué par Saidal au lieu de celui fabriqué par un laboratoire international de renommé ?
    On dit « si on veut on peut », pour le moment, dans le secteur de la production pharmaceutique en Algérie vouloir ne rime pas avec pouvoir

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