Posted by : Le Club Algérien des Pharmaciens de L'Industrie mercredi 3 octobre 2012


Un marché sous l’emprise de la spéculation


Par : A HAMMA
En quoi le médicament générique peut-il constituer une solution qui permette à la fois de réduire la facture des importations, le large accès des malades à leur traitement à en prix décent, tout en réduisant les dépenses de la Sécurité sociale ? Faut-il rappeler que 45% des médicaments commercialisés dans le monde sont des génériques. C’est à cette problématique que tentent de répondre les professionnels de la santé et les pouvoirs publics.

Il y a lieu effectivement de “paniquer” face à l’ampleur de l’enveloppe financière annuelle des importations des produits médicamenteux. Cette dernière a atteint durant les cinq dernières années une moyenne d’un milliard de dollars/an. Elle correspond à 80% des besoins en médicaments couverts par l’importation. Malgré les mesures d’encouragement à la production nationale prises par l’Etat, l’Algérie demeure un pays lourdement tributaire du marché extérieur, contrairement à ses voisins tunisien et marocain qui ont réduit de façon substantielle leur dépendance en développant leur industrie pharmaceutique locale. 
En vérité, cette immense rente est détenue par quelques groupes de pression qui transgressent ouvertement la réglementation, en important y compris des génériques fabriqués localement, imposant ainsi une concurrence de fait aux produits locaux et décourageant par-là même les initiatives d’investissement dans ce domaine, qu’ils soient publics ou privés. 
Au demeurant, quand on observe le marché mondial du médicament générique, les pays émergents, à leur tête la Chine qui se positionne en deuxième place après les USA, ont fait des percées significatives dans ces types de produits. Dans ce contexte, le groupe Saidal, “fer de lance d’une ambition nationale de construction d’une industrie de production locale de médicaments”, anticipe par son dynamisme à travers une démarche de développement de partenariat avec les grandes firmes internationales en vue de créer les conditions de promotion de la production locale. Mais ce groupe, objectivement, se heurte aux lobbys de l’import du médicament qui, et tout le monde le sait, ont souvent provoqué des pénuries organisées à travers des ruptures de stocks pour surfer sur les prix au gré de leurs intérêts et, bien entendu, au détriment des malades. 
Cette réalité est reconnue par les pouvoirs publics eux-mêmes. Ainsi, lors du premier Salon international du médicament générique, tenu au Palais des expositions des Pins maritimes, l’ancien ministre de la Santé, dans une déclaration rapportée par l’APS, a affirmé  que “les importateurs conditionneurs ont eu un délai d’une année, jusqu’à mars 2011, pour se mettre à la production… 
Cette mesure n’arrange pas certaines personnes qui préfèrent qu’on reste au stade de l’importation et de l’emballage… Ces personnes veulent gagner de l’argent rapidement sans faire beaucoup d’efforts…”. Selon des sources proches du secteur de la santé, durant l’année 2007, sur 4000 produits enregistrés,3000 ont été des génériques dont 1000 fabriqués localement et 2000 importés. 
Cette situation, non seulement obère notre balance commerciale mais constitue également un coût social exorbitant pour le Trésor public et une lourde charge financière pour la Sécurité sociale. Pour sa part, le président du Syndicat national des pharmaciens d’officine a indiqué que “le problème auquel font face les opérateurs reste la loi de 1998. En mai 2008, le gouvernement a introduit quelques modifications concernant les marges bénéficiaires applicables à la production, au conditionnement et à la distribution des médicaments à usage de médecine humaine. 
La loi met le médicament originel ou princeps et le générique sur la même fourchette de prix, c’est contre la politique du générique”. Enfin, selon le professeur Amalou, représentant de la Cnas, 52 millions d’ordonnances sont remboursées annuellement et 20% des médicaments, en majorité importés, absorbent 80% des remboursements par la Sécurité sociale. Toujours selon ce dernier, le générique peut fortement participer à la réduction de la facture des produits pharmaceutiques. Nous sommes, en fait, en présence d’intérêts contradictoires des différentes parties prenantes. 
Celles qui sont pour une politique de développement d’une industrie nationale de production de médicaments génériques et les tenants de la spéculation. Dans de telles conditions, on peut légitimement s’interroger sur les intentions réelles des forces “dissimulées ou à visage découvert”, qui tentent de s’opposer à la concrétisation de la promotion de la production nationale, maintes fois proclamée par les autorités politiques.

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