Posted by : Le Club Algérien des Pharmaciens de L'Industrie jeudi 6 septembre 2012

Bricolage sous forme de réforme
Par : Pr YAHIA DELLAOUI

Depuis plusieurs années maintenant, la formation de pharmacien traverse une crise qui la fait littéralement vaciller sur ses bases.

Évitons de prendre les étudiants en pharmacie en otages, sans chercher à prendre parti pour un camp, les spécialistes du médicament, de la biologie clinique et la chimie thérapeutique pensent qu’il ne sert à rien de se taper les uns sur les autres et appellent à plus de sérénité.

A partir de cette rentrée universitaire 2012-2013, le cursus de pharmacie sera de 6 ans.
Pour les anciennes promotions, ils ont le choix de 5 ans de formation avec un diplôme d’état “de pharmacien” ou bien faire la 6e année et sortir avec le titre de “docteur en pharmacie”.
La rentrée de la promotion de 6 ans, cette année, sera au mois de novembre, le programme comportera 15 conférences gérées par des formateurs pharmaciens appelées “cours supérieurs”, les thèmes de thèse seront normalement affichés en septembre de la rentrée, les 15 conférences seront sanctionnées en fin d’année par une évaluation écrite sous forme de QCM. 
Ces étudiants de 6e année seront affectés sur des terrains pour stages en industrie pharmaceutique, comme la chimie thérapeutique et la chimie organique pharmaceutique à titre d’exemple. Les étudiants de 5e année doivent signer leurs engagements au début de l’année universitaire. 
Nous pouvons dire que les objectifs d’une 6e année s’échelonnent dans un intervalle qui empiète à la fois sur la réalité et le rêve. Nous pensons qu’il faut procéder d’une manière réfléchie et méthodique et réaliser ce qui est à notre portée grâce aux moyens matériels et humains dont nous disposons, et penser ensuite aux moyens de rattraper notre retard par rapport aux pays très avancés. 
Qu’il soit pharmacien hospitalier ou d’officine, directeur de laboratoire d’analyses médicales ou pharmacien industriel, les objectifs de la réforme dans la pharmacie algérienne possèdent un dénominateur commun : le malade et le bien-être de la population. À la fin de cette 6e année, le pharmacien algérien doit être polyvalent, mais comment atteindre cet objectif ? Après la 5e année, l’étudiant doit évoluer dans l’entourage du malade et du médecin. Il pourra ainsi, tant dans le domaine du médicament que dans celui des explorations biologiques, juger de l’application directe des connaissances apprises à la faculté de médecine. 
Cet enseignement hospitalier de la 6e année ne doit pas se limiter aux stages mais s’intégrer au niveau de l’officine que du laboratoire médical ou industriel. En effet, la 6e année en pharmacie, au sens large du terme, occupe une place privilégiée dans la profession par son contact direct avec le malade et le médecin.
Et pour arriver à de bons résultats, il serait nécessaire de discuter et de répondre à un certain nombre de questions qui sont de nature à permettre à tous les “étudiants pharmaciens” d’accomplir au mieux leur mission, quel que soit le domaine d’activité qu’ils auraient choisi pour assurer leur carrière.
Comment assurer le contrôle des prescriptions et la dispensation ?
Comment évaluer les compétences de l’étudiant de 6e année face à un malade recevant des médicaments ?
Comment intégrer l’étudiant dans une équipe médicale ? Je citerai en particulier, le cas de “la chimie thérapeutique”, cette activité en pleine expansion de la pharmacie industrielle.
Je pense qu’il vaut mieux éviter de prendre en otages ces étudiants ! Cette nouvelle année sans programme bien défini, non clair et non précis actuellement pour postuler au titre de “docteur en pharmacie”, alors qu’il existe en parallèle une promotion dans le système classique de 5 ans sanctionné par un diplôme de “pharmacien” !

Paradoxe des paradoxes !
Des pharmaciens de 4 ans… de 5 ans… et de 6 ans avec un cursus unique ! Alors que l’idéal de la formation de qualité d’un pharmacien est de l’avoir bien entamé dans les 5 années.
La 6e année est l’année où l’étudiant a plus de temps pour sa thèse durant toute l’année et non des travaux  de 1 mois ! Bricolage sous forme de réforme. Le plus dur dans une thèse, c’est d’avoir un “encadreur” à l’hôpital qui filtre les écrits scientifiques et qui est disponible au candidat.
Alors ce qui se passe aujourd’hui dans le département de pharmacie est que les étudiants terminent une 6e année blanche ! Pour l’obtention d’un titre de “docteur” et sans serment de Galien ! C’est vraiment aberrant de voir qu’une personne qui avait le titre de pharmacien sera dépassée par une appellation de docteur ! Mieux vaut ne pas en rire. Franchement, je m’inquiète pour cette réforme des études pharmaceutiques en Algérie qui passe inaperçue, et que seront nos pharmaciens dans le futur ?
Une réforme n’a pas été élaborée d’une façon cohérente et pertinente basée sur les plans pédagogiques centrée sur une étude focalisée et sur les besoins de la santé publique.
Je me refuse, évidemment, à envisager une certaine conception qui consisterait à dire que la faculté de médecine dispense un enseignement qu’elle juge nécessaire pour l’étudiant de 6e année, sans se soucier de l’avenir du jeune diplômé et de son insertion dans la société qui a fait des sacrifices pour assurer sa formation et qui est en droit d’exiger de lui de se mettre à son service.
Donc, les départements de pharmacie devront, a priori, assurer la formation pour répondre aux besoins du pays.

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