Posted by : Unknown mardi 4 décembre 2012

Pour diffuser leurs médicaments contre le Sida dans le monde entier, les laboratoires pharmaceutiques doivent innover sur la question de leurs accès dans les pays en voie de développement. Le californien Gilead est un précurseur. 

Alors que s’ouvre aujourd’hui, 1er décembre 2012, la journée mondiale de lutte contre le Sida, les groupes pharmaceutiques ne peuvent plus ignorer les problématiques d’accès aux traitements contre le VIH dans les pays en voie de développement. Leader des traitements contre le sida (qui constitue 90% de son chiffre d’affaires de 6,2 milliards d’euros en 2011), devant les big pharmas, la biotech californienne Gilead a fait de cette problématique un de ses trois axes structurants. "Plus de 90% des séropositifs se trouvent dans les pays émergents : on ne peut pas lutter contre le VIH si on n’adresse pas la question des pays du Sud !", explique Michel Joly, qui dirige la filiale France de Gilead. Les deux autres priorités de cette biotech : focaliser ses médicaments sur les maladies mortelles sans solution thérapeutique (hépatites B et C, cancer…) et travailler sur la galénique pour en faciliter la prise.
Des partenariats avec des fabricants indiens pour faire baisser les prix
Pour faire baisser ses prix dans ces pays, Gilead a adopté une stratégie en trois étapes. La première, vendre ses produits avec les marques princeps moins chers aux distributeurs, n’a pas été un succès. En 2003, Gilead a donc décidé de participer à l’Access Program, destiné à valoriser l’investissement dans l’innovation tout en facilitant l’accès aux traitements. Le principe : donner accès à ses brevets à des spécialistes de la fabrication de médicaments de qualité, en grand volume et à bas prix. "Nous nous sommes tournés vers quinze fabricants de génériques indiens (14 en Inde et un en Afrique du Sud), qui produisent nos traitements avec des formes et des couleurs différentes, afin qu’il n’y ait pas de réimportation, raconte Michel Joly. Le prix mensuel d’un traitement avec notre produit Viread est ainsi passé de 17 à 4,80 dollars, soit 16 centimes par jour."
Ces « copies » représentent désormais deux tiers de l’ensemble des traitements Gilead dans le monde, mais ne sont pas des génériques car les brevets du laboratoire courent jusqu’à 2017. Une stratégie qui a permis à Gilead de diffuser et implanter ses thérapies dans le monde entier : aujourd’hui, 2,7 millions de patients reçoivent un traitement Gilead anti-VIH dans les pays en développement, soit 39% des patients traités.
Jouer le jeu de la communauté des brevets
Depuis l’été 2011, Gilead a mis en place une autre initiative pour ses traitements qui n’ont pas été codéveloppés avec d’autres groupes pharmaceutiques. "Nous avons été la première entreprise à rejoindre "The Medicines Patent Pool", se félicite Michel Joly. Nous avons accordé à cette communauté de brevets médicaux, financée par Unitaid, des conditions similaires à celles accordées à nos partenaires indiens." Son traitement Stribild, qui a reçu son autorisation de mise sur le marché aux Etats-Unis cet été, sera ainsi la première trithérapie disponible dans le monde entier en même temps, grâce à des accords de production et distribution de versions génériques dans 100 pays en développement. Alors qu’il fallait généralement dix à quinze ans pour qu’un tel médicament soit diffusé dans les pays du Sud du globe...
Novartis épinglé en Inde
Gilead n’est pas le seul groupe pharmaceutique à travailler sur l’accès aux médicaments dans les pays en voie de développement. Il vient d’être classé cinquième de l’Index sur l’accès aux médicaments 2012, un classement publié mercredi qui évalue les efforts des vingt plus grandes sociétés pharmaceutiques. Une nouvelle fois, l’anglais GlaxoSmithKline a pris la première place, suivi par deux nouveaux venus dans le top 3 : l’américain Johnson & Johnson et le français Sanofi.
Mais au même moment, une centaine d’associations a mis en garde contre les menaces pesant sur la production de médicaments génériques bon marché en Inde, à cause du laboratoire suisse Novartis. Ce dernier tente de faire reconnaître le brevet de son médicament anticancer Glivec en Inde, rejetée dans un premier temps par la justice indienne qui estimait qu’il n’était qu’une nouvelle formulation d'un produit déjà existant. Si Novartis gagnait, les prix des médicaments comme des antirétroviraux produits en Inde augmenteraient sans commune mesure, estiment les associations.


Source : http://www.usinenouvelle.com/article/sida-quand-les-labos-organisent-la-copie-de-leurs-propres-traitements-anti-vih.N187133


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