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- Vers un grand ménage du médicament
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Unknown
mardi 9 octobre 2012
Trois
professeurs de médecine appellent à une réforme de la pharmacopée. 1.000
principes actifs suffiraient à soigner les Français…. au lieu des 4.000 en
vente.
Deux
semaines après la publication du Guide des 4.000 médicaments utiles, inutiles
ou dangereux (Le Cherche Midi) par Philippe Even et Bernard Debré, la riposte
des blouses blanches s’organise. Le JDD relaie un appel initié par deux
professeurs de thérapeutique et de pharmacologie, Jean-François Bergmann et
François Chast, et par le diabétologue André Grimaldi, fin connaisseur du
système sanitaire. Tous trois plaident pour la rédaction urgente d’un guide
officiel recensant les 1.000 médicaments vraiment nécessaires pour soigner des
Français en proie au doute depuis le scandale du Mediator.
Dans
un premier temps, de nombreux médecins se sont contentés de pointer, chacun
dans leur spécialité, les erreurs factuelles émaillant un livre dont ils
contestent la pertinence scientifique. Ils ont été nombreux à railler le culot
du pneumologue retraité Philippe Even et l’expertise médicamenteuse limitée du
chirurgien urologue et député UMP Bernard Debré. Mais l’ouvrage, souvent
dénoncé comme "un coup médiatique", caracole en tête des ventes avec
175.000 exemplaires écoulés. Plus grave, certains malades du cancer ou du
diabète envisagent d’arrêter leur traitement après consultation du best-seller.
Pis, selon les trois initiateurs du manifeste, les autorités de santé n’ont pas
jugé utile d’en fournir une fiche de lecture critique. Interrogé par le JDD,
Gilles Bouvenot, président de la Commission de la transparence de la Haute
Autorité de santé, répond : "Toute démarche critique est saine et utile
dans un pays où l’on consomme beaucoup de médicaments. Le meilleur conseil à
donner aux gens est de suivre l’avis des médecins."
Un
gaspillage estimé à 10 milliards d’euros par an
L’appel
que nous publions est-il une vraie riposte ou le simple prolongement de la
réflexion engagée par Even et Debré? "Ce livre force les gens à
réagir", estime le médecin généraliste et blogueur influent Dominique
Dupagne. Même analyse du pharmacologue bordelais Bernard Bégaud : "Il y a,
en France, un déficit d’information, de discours raisonnable sur le
médicament." Au fond, l’après-Mediator ne fait que commencer. Dans leur
texte, les trois professeurs réclament également "une autre politique du
médicament" : réforme de la pharmacovigilance et refonte de la politique
des prix. "Philippe Even a raison de dénoncer les traitements inutiles,
les coûts exorbitants, les manoeuvres de l’industrie, la complaisance de
certains médecins", abondent les professeurs Chast et Grimaldi. C’est
l’autre mérite du guide Even/Debré : insister sur un gaspillage qu’ils
chiffrent à plus de 10 milliards d’euros chaque année. Le gouvernement a-t-il vraiment
pris le problème à bras-le-corps? Sereine, Catherine Lemorton, présidente PS de
la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, argue que le
médicament sera mis à contribution dans le budget 2013 de la Sécurité sociale
et que "la réforme de la politique du médicament se poursuit, de manière
calme et méthodique : une base de données sur le médicament sera accessible sur
Internet fin 2013".
Voici pour vous le texte de l'Appel:
Pour
une autre politique du médicament
Les Français consomment trop de médicaments inutiles et
exagérément coûteux.Sans dommage, on pourrait diviser leur nombre par 4,
passant de 4000 à 1000médicaments. La responsabilité est partagée entre les
industriels, l’Etat, et les prescripteurs. Pour répondre aux interrogations
légitimes de la population depuisl’affaire du Médiator, les autorités
sanitaires doivent engager trois chantiersimportants.
1 - Programmer la publication rapide d’un livre blanc des
médicaments pour aider les médecins à prescrire mieux et moins et éclairer le
grand public. Un tel« formulaire national de thérapeutique » existe déjà au
Royaume-Uni et enBelgique. Il cible, pathologie par pathologie, les médicaments
indispensables,les médicaments éventuellement utiles et ceux qui ne servent à
rien. L’absenced’un livre de référence laisse la place à des « guides » rédigés
sans rigueur etcontenant de nombreuses erreurs
2 - Revoir la politique du prix des médicaments. C’est,
aujourd’hui, une procédure opaque qui fait l’objet de négociations secrètes
avec les laboratoires pharmaceutiques. Plusieurs points méritent d’être
éclairés : prescription demédicaments nouveaux et plus chers à la place de
médicaments déjà disponiblesmoins chers et aussi efficaces ; coût des
génériques en France très supérieur aucoût moyen sur le marché européen ; prix
de certains médicaments maintenuhaut alors que le volume de prescriptions
augmente de façon importante.
3 - Enfin, réformer la pharmacovigilance. La solution la plus
efficace pour repérer d’éventuels risques sur la santé est l’analyse
informatique, exhaustive etcontinue, des ordonnances de ville couplée aux
diagnostics des motifsd’hospitalisations et aux certificats de décès.
Professeurs JF. Bergman interniste Hôpital Lariboisière, A.
Gaudricophtalmologiste Hôpital Lariboisière, E.Thervet néphrologue Hôpital
Pompidou,F. Chast pharmacien des hôpitaux Hôtel Dieu, A. Grimaldi diabétologue
HôpitalPitié Salpêtrière.
Club Algérien des Pharmaciens de l'Industrie